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La démesure des coûts et retombées de la Coupe du Monde 2022

Tableau des principaux indices boursiers au 18/11/2022

Du début d’année jusqu’au début de l’automne, les marchés boursiers ont affiché une performance très négative, soit une perte de près de 25% pour l’indice S&P 500 (en USD), le Nasdaq chutant même de 34% sur la période (en USD également) alors que l’indice européen Stoxx 600 reculait de 21.5% (en euros) au plus bas de l’année. On connaît les raisons de cette déroute: hyperinflation, hausses des taux vigoureuses et rapides, économies en berne, craintes géopolitiques (Ukraine, Taïwan),…

Mais, depuis fin septembre – début octobre, les marchés ont rebondi substantiellement, récupérant entre 11 et 13% des pertes antérieures pour les principales bourses. Ce retournement de situation est à mettre au crédit de chiffres d’inflation et de production US et européens récents ayant tendance à montrer – même s’il faudra que cela se confirme dans les semaines et mois qui viennent – un ralentissement de l’inflation ou, à tout le moins, un pic de celle-ci. Or une inflation moins vertigineuse pourrait signifier en retour de politiques monétaires moins agressives ce qui a quelque peu rassuré les investisseurs ces derniers temps.

Cette tendance résolument haussière, qui en a surpris plus d’un après la déroute des premiers mois de 2022, s’apparente en football à ce qu’on nomme une "remontada" soit une remontée de score inattendue. Et ce constat à connotation sportive nous a amené à la réflexion qu’il serait intéressant de faire le point sur l’événement sportif de l’année, la Coupe du Monde de football au Qatar. Si on ne peut nier les polémiques liées à cette compétition (soupçons de corruption lors de l’attribution, non-sens écologique des stades climatisés, non-respect des droits de l’homme, décès de nombreux travailleurs étrangers lors de la construction des infrastructures,…), cette compétition mondiale aura indéniablement des retombées économiques et financières importantes pour des secteurs comme par exemple l’Horeca, le tourisme ou les équipementiers sportifs. Le football est en effet le sport le plus populaire au monde, avec une audience estimée à plus de 5 milliards de fans, devant le cricket (2.5 milliards de fans), le hockey (2 milliards de fans) et le tennis (1 milliard de fans).

Selon différentes estimations, 1,5 million de supporters sont attendus au Qatar pour cet événement historique. Le Qatar s'attend à ce que la Coupe du Monde apporte 20 milliards USD à son économie, mais les bénéfices liés aux infrastructures devraient durer des décennies. Qatar: focus sur le business autour de la Coupe du Monde de football | Euronews. D’autres estiment que sur la période de 29 jours du tournoi (du 20 novembre au 18 décembre), le pays devrait attirer plus de 1,7 million de visiteurs à Doha, car il y aura environ 500.000 visiteurs dans le pays les jours les plus chargés de la Coupe du monde et la FIFA estime qu’environ 40 millions de personnes pourraient chercher à visiter le Qatar après la fin de la compétition. Coupe du monde 2022: une aubaine pour l'économie qatarie | SNRTNews

Mais avant de percevoir les dividendes de cette organisation, l’Etat du Qatar aura dépensé les dernières années près de 220 milliards USD (!) pour construire des infrastructures de classe mondiale, notamment des nouvelles routes, des transports publics (un métro dernier cri entre autres), des hôtels et des installations sportives. Les matchs se dérouleront dans 8 stades ultramodernes et de haute technologie, assurant un confort maximal aux spectateurs et aux footballeurs, mais le coût de ceux ne représenteraient qu’une "petite partie" du total, soit entre 6.5 et 10 milliards USD selon différentes estimations. The Most Expensive World Cup in History (frontofficesports.com)

Le coût total de la Coupe du Monde 2022 est d’ailleurs interpellant en comparaison du budget des précédentes éditions comme on le voit sur le tableau ci-dessous… Il est vrai que, tout comme d’autres pays du Golfe, le Qatar dépend actuellement presqu’exclusivement des rentrées dues aux hydrocarbures (ici le gaz) et que donc le pays doit prévoir un plan "B" une fois que cette source de revenus déclinera et s’arrêtera. D’où les dépenses gigantesques dans les infrastructures hôtelières et de loisirs afin de développer fortement le tourisme à l’avenir.

Tableau d'illustration

Du côté des retombées économiques, outre celles liées au tourisme et à l’Horeca, la vente des droits TV par la FIFA va aussi atteindre un nouveau record de 6.5 milliards USD (voir tableau ci-dessous). La Coupe du monde 2022 de football devrait être suivie par plus de 5 milliards de téléspectateurs, la FIFA ayant signé des accords de couverture télévisuelle avec de nouveaux diffuseurs. Lors de la précédente Coupe du Monde, en Russie, 3.6 milliards de spectateurs avaient regardé la compétition, la finale ayant attiré 1.12 milliard de personnes. A noter toutefois qu’en tant qu'organisation à but non lucratif, la FIFA réinvestit la plupart de ses gains dans le développement du football. Ainsi en 2018, 4,3 milliards USD ont été directement investis dans des programmes de football. FIFA World Cup TV Rights Revenue Comparison (2002-2022) (worldcupglory.com)

Tableau d'illustration

Un autre secteur pour lequel les retombées économiques seront importantes est celui des équipementiers sportifs, 3 marques bien connues trustant les premières places car équipant 26 des 32 équipes présentes, 6 petits outsiders se partageant le solde. Les ventes de maillots, shorts, ballons, etc., encore difficilement évaluables, devraient toutefois atteindre un montant conséquent, en particulier pour les équipes allant le plus loin dans la compétition et évidemment pour la marque équipant le futur champion du monde…

Rappelons que le marché mondial des vêtements de sport (« sportwears » en anglais) au sens large comprend les chaussures de sport, mais aussi les vêtements et les accessoires (chaussettes, gants, etc.). La taille du marché mondial des équipements sportifs devrait atteindre près de 580 milliards USD d'ici 2030, selon le dernier rapport de Grand View Research. Ce secteur devrait ainsi se développer à un taux de croissance annuel moyen (CAGR) de 6,4% entre 2022 et 2030. La société de consultance Arizton entrevoit également une croissance conséquente soit un business qui vaudrait déjà 544 milliards USD en 2026.

La Coupe du Monde de football sera donc plus que jamais une vitrine permettant à plusieurs secteurs économiques d’engendrer des rentrées conséquentes. Une inconnue et un bémol toutefois, la crise actuelle et la baisse du pouvoir d’achat des ménages pourrait impacter certains secteurs comme celui des équipements sportifs, sachant par exemple que le ballon officiel FIFA World Cup 2022 Al Rihla Pro est vendu 150 euros dans le commerce, un prix qui pourrait en rebuter certains…

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