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Et si les États-Unis faisaient "faillite"?

La faillite d’un État, est-ce un scénario réaliste? Non, pas réellement. En droit, le terme "faillite" désigne une cessation de paiement d’une entité commerciale, comme un commerçant, incapable d’honorer ses dettes. Pour un État souverain, ce concept est techniquement impropre: il ne peut être liquidé mais les médias parlent de "faillite" pour décrire un défaut de paiement ou une crise financière grave, lorsqu’un État est dans l’incapacité d’honorer sa dette ou de payer une échéance d’intérêts.  

Est-ce déjà arrivé?

Ce n’est pas fréquent, mais cela peut arriver.:

En 1794, la France révolutionnaire a vu l’effondrement de la nouvelle monnaie qu’elle avait émise, les assignats, entraînant une hyperinflation et une incapacité à rembourser ses dettes. En 1917, la Russie bolchevique a refusé d’honorer les dettes tsaristes, isolant le pays financièrement. Pas un rouble émis par l’ancien régime ne fut remboursé.

L’accord de Londres en 1953 régla la dette allemande en la réduisant d’environ 50% (celles émises par le régime hitlérien furent réduites à néant). Le Mexique, en 1982, a déclenché une crise latino-américaine en cessant de rembourser ses prêts, nécessitant un sauvetage du FMI. L’Argentine, en 2001, a fait défaut sur 93 milliards de dollars, provoquant une crise sans précédent. Elle ne s’en est d’ailleurs toujours pas remise.

La Grèce, en 2012, a évité un défaut total via une restructuration sous l’UE, mais fut qualifiée de "faillite", car la moitié de sa dette fut passée par pertes et profits. De son côté, le Liban, en 2020, a fait défaut sur 1,2 milliard d’eurobonds, exacerbé par une crise économique.  

Et les États-Unis?

Si une telle situation semble improbable pour les États-Unis, première puissance mondiale, deux éléments sont nouveaux dans un contexte global: leur dette est massive et l’isolationnisme de Donald Trump pourrait fragiliser leur position.

La dette massive des États-Unis et des États occidentaux fut la conséquence de deux phénomènes:

  • La crise de 2008, déclenchée par les subprimes, a forcé des renflouements bancaires, creusant les dettes publiques, notamment en Europe.
  • La pandémie de Covid-19 (2020-2022) a, quant à elle, alourdi les finances publiques, forçant les États à une générosité sans précédent face à la fermeture de l’économie. 

A l’heure actuelle, la dette américaine est colossale et estimée au-delà de 36.000 milliards de dollars. C’est comme si chaque Américain avait personnellement une dette de 106.000 USD à rembourser. Ce chiffre permettrait l’achat de 985 millions de voitures Tesla, soit 500 années de production au rythme actuel. Un défi majeur qui représente 120% du PIB contre 31% en 1981.

La charge d’intérêts fait également tourner la tête. Elle dépasse 1.000 milliards de dollars par an, ou un peu moins de 3 milliards USD par jour.

Est-ce un problème? Oui, imaginons l’État américain qui achèterait chaque jour 8.700 Ferrari 296 GTB pour les envoyer ensuite à la ferraille sans rien en faire, au lieu d’allouer cette somme à la santé, la sécurité, l’éducation, les infrastructures ou la défense. La dette permet d’acheter à profusion, mais lorsque la charge d’intérêts étrangle les finances, on atteint la limite du modèle.  

Atteint-on le point d’étranglement?

Le paiement des intérêts représente environ 15 à 17% du budget fédéral (1.000 sur 6.500 milliards de dollars), soit 4,5% du PIB.

Ce chiffre est nettement supérieur à la moyenne des pays riches (2,5% du PIB), ce qui rend la situation inquiétante. À titre de comparaison, même la France, vue comme très endettée, a une charge d’intérêts de 5% de son budget, ce qui représente 2,4% de son PIB.

On comprend bien la pression exercée par Donald Trump sur le patron de la Fed afin que ce dernier baisse les taux. Une baisse d’un pourcent permettrait des gains considérables pour le budget.  

Mais la dette est à long terme et le taux de la Fed concerne les taux à court terme?

L’impact d’une baisse des taux est considérable car une partie conséquente de la dette échoira à court terme. En effet, d’ici la fin de 2026, environ 10.000 milliards de dettes US seront à refinancer. Il est presque vital pour Donald Trump que l’économie s’affaiblisse pour que la justification de la baisse des taux devienne une évidence et permette ainsi de se refinancer à des taux attractifs. Un bras de fer se joue donc actuellement. 

La dette en elle-même devra-t-elle être remboursée?

Pas vraiment. En effet, le plus souvent, les États émettent des obligations avec des maturités variables et à l’échéance, ils remboursent ces obligations en émettant de nouvelles dettes pour financer ce remboursement, un processus appelé "roulement de la dette".

Très pratique tant que les investisseurs ont confiance dans le système. Mais en 2012, en Grèce, les roulements furent totalement désertés par les investisseurs qui voulaient récupérer leurs mises, et ce fut la catastrophe. Globalement, les États essaient de limiter leur dette à 60% du PIB, mais aux États-Unis, en 2025, la dette de 36.000 milliards USD est à mettre en rapport avec un PIB de 30.300 milliards USD, soit 120% du PIB. Un chiffre historiquement très élevé.  

Doit-on être inquiet?

Non, les États-Unis ne seront pas en défaut dans les prochaines années pour trois raisons:

  1. L’économie américaine et le dollar dominent les transactions internationales, ce qui assure une demande pour les bons du Trésor. Ils sont forts et le déclin n’est pas pour demain.
  2. La Federal Reserve peut monétiser la dette, un énorme avantage qui permet à la Fed d’acheter directement ou indirectement les bons du Trésor en créant de la monnaie. Un peu comme si vous remboursiez votre banque en imprimant des billets dans votre garage… très pratique. Attention, un outil à manier avec prudence car si une Banque Centrale émet trop de monnaie, les prix s’emballent et gare à l’inflation destructrice de valeur.
  3. Le prélèvement d’impôts est faible au pays de l’oncle Sam. Environ 26% du PIB contre 34% en moyenne dans l’OCDE (environ 45% en France et en Belgique). Les Américains sont très sensibles sur le sujet et l’impôt ne dépend pas que du fédéral. Néanmoins cette arme efficace existe et on la connaît bien dans nos contrées. 

Conclusion

En conclusion, parler de "faillite" pour les États-Unis relève davantage du raccourci médiatique que d’une réalité mais on ne peut passer sous silence une dette colossale et une charge d’intérêts dévorant 15 à 17% du budget fédéral qui signalent une vulnérabilité croissante. Certes, les atouts uniques des États-Unis leur confèrent une résilience exceptionnelle.

Cependant, l’isolationnisme prôné par Trump et l’émergence d’une dédollarisation, portée par des puissances comme la Chine, menacent cette stabilité. La courbe des taux sera le meilleur indice de confiance du marché. Tenons à l’oeil le taux à trente ans.

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Disclaimer

La présente publication est une interprétation générale de la situation économique actuelle et ne peut être considérée comme un conseil en investissement, une recommandation d’investissement dans les instruments financiers décrits ou une proposition de stratégie d’investissement. 

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