Quels types d’investissements privilégient les "ultra riches" ou UHNWI?

Tableau des principaux indices boursiers au 10/11/2023

Comment définit-on une personne très fortunée?

Il n’existe pas de définition officielle ou légale de la richesse qui est une notion relative... Toutefois, comme le rappelait récemment Forbes, le célèbre magazine économique américain, les professionnels de la finance classent les personnes fortunées en 3 catégories:

  • Les HNWI (pour "High Net Worth Individuals") soit des personnes ou des ménages qui possèdent des actifs liquides évalués entre 1 et 5 millions de dollars.
  • Les VHNWI (pour "Very High Net Worth Individuals") détenant des actifs liquides se situant entre 5 et 30 millions de dollars.
  • Les UHNWI (pour "Ultra High Net Worth Individuals") soit les particuliers ou ménages très fortunés communément appelés "ultra riches" et qui possèdent plus de 30 millions d’actifs liquides.

Dans quels actifs les "ultra riches" investissent ils principalement leur argent?

Pour répondre à cette question, nous avons consulté le volumineux rapport annuel du groupe britannique Knight Frank qui en est à sa 17e édition. A noter que ce spécialiste inclut, pour les personnes très fortunées, la résidence principale dans la valeur nette de 30 millions de dollars de patrimoine. L’étude de Knight Frank s’appuie sur les réponses fournies, en novembre 2022, par plus de 500 banquiers privés, conseillers patrimoniaux, intermédiaires et family offices qui gèrent ensemble, au niveau mondial, plus de 2.500 milliards de dollars pour des "ultra-riches".

Comme le montre le tableau ci-dessus, les résidences principales et secondaires représentent 32% du patrimoine total des personnes les plus fortunées, soit en moyenne 3,7 logements. Mais l’immobilier au sens large a un poids plus important dans le patrimoine des personnes très fortunées. En effet, si l’on intègre les propriétés commerciales en direct (14% des avoirs) et via des fonds (5%) ainsi que les sociétés d’investissement immobilier cotées ou REIT (3%), l’immobilier "brique ou papier" compte donc en moyenne pour 54% du patrimoine total des plus grandes fortunes.

Graphique d'illustration

Mais d’autres types d’investissement représentent aussi une part importante du portefeuille

Ainsi les investissements en actions représentaient, fin 2022, environ 18% de la richesse des "UHNWI". Mais si on exclut les résidences principales et secondaires – patrimoine à priori intangible - les actions représentent 26% du patrimoine "liquide" des personnes très fortunées, sachant par ailleurs que ceux résidant dans les Amériques ont en moyenne davantage d’actions (33% du patrimoine), suivis par l'Europe (28%) et l'Asie (26%). De leur côté les obligations comptaient, fin de l’année passée, pour 12%. Un portefeuille d’investissement classique "actions-obligations" pesait donc pas loin d’1/3 du patrimoine des personnes très fortunées fin 2022.

Mais un patrimoine plus important que la moyenne permet aussi aux personnes très fortunées d’envisager des placements plus risqués, et à priori plus rémunérateurs, comme le private equity et le venture capital, soit généralement dans des actions non cotées en bourse et peu liquides, telles que par exemple des startups. Ce type d’investissement représentait fin 2022 en moyenne 6% du patrimoine des plus fortunés.

Une autre étude, réalisée conjointement par Campden Wealth et Titanbay et consacrée spécifiquement au private equity montre que l'investissement moyen dans une société de capital-investissement se situe entre 1,8 et 6,9 millions de dollars pour les investisseurs très fortunés.

D’autres avoirs diversifient le patrimoine des plus fortunés

Dans cette catégorie, on trouve notamment les investissements dits "de passion", qui incluent une gamme diversifiée allant de l’art aux voitures de luxe et/ou de collection, en passant par les montres de luxe, la bijouterie, la maroquinerie, les vins fins voire les bouteilles de whisky millésimées… Ces investissements de passion représentent en moyenne 3% de la richesse totale des ultra-riches.

En fait, la valeur de objets de luxe a augmenté au cours de 2022 dans un environnement boursier difficile qui a notamment vu l’indice S&P 500 chuter de plus de 19%. Ainsi le marché de l’art a vu les prix augmenter de 29% l’année dernière, la hausse la plus élevée parmi les articles de luxe. Les voitures de luxe (+25%) et les montres (+18%) ont également connu les plus fortes hausses de prix.

Notons enfin que 2% du patrimoine des plus fortunés étaient, fin 2022, investis dans de l’or, la "valeur-refuge" type alors qu’inversement, 1% était dévolu aux cryptoactifs comme le bitcoin ou les NFT, au comportement plus erratique et très volatile… Mais vu l’ampleur de leur patrimoine, les personnes les plus fortunées peuvent se permettre une évolution plus "sportive" pour une partie limitée de leurs avoirs!

Que représente la population des personnes très fortunées?

En 2022, il y avait environ 579.000 personnes dans le monde dont la richesse dépassait les 30 millions de dollars. Géographiquement, New York, Tokyo et San Francisco abritent actuellement le plus grand nombre "d’ultra-riches" au monde. Selon certaines estimations, au cours des 5 prochaines années, ce nombre devrait atteindre 744.000, soit une augmentation de 29%. Et donc logiquement, la demande d’immobilier (de luxe en particulier), de placements en actions ou obligations et d’articles de luxe devrait probablement croître étant donné le portefeuille type actuel des personnes fortunées…

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Beaucoup de sociétés avec des bénéfices élevés et qui distribuent alors des dividendes importants sont des entreprises capables d’augmenter les prix qu’elles facturent à leurs clients pour compenser la hausse de leurs propres coûts d’exploitation selon le fameux principe du "pricing power". Voir à ce titre notre chronique d’avril 2022: Le "pricing power", l’arme anti-inflation de certaines sociétés - Private Banking CBC0

Selon JP Morgan, un autre gestionnaire mondial d’actifs, il a été démontré que les dividendes sont plus stables que les bénéfices en cas de récession. Les dividendes résistent bien car les sociétés qui en distribuent ne veulent [généralement] pas les réduire, même en cas de baisse de leurs bénéfices, préférant si nécessaire puiser dans leurs réserves pour maintenir les versements. Les taux de distribution (la part des dividendes dans les bénéfices) ont donc tendance à augmenter en période de récession. Les entreprises qui parviennent à maintenir un dividende stable (voire croissant) en toutes circonstances (les fameux "aristocrates du dividende") ont tendance à surperformer en période de récession. Les avantages des actions versant des dividendes élevés dans un environnement stagflationniste | J.P. Morgan Asset Management (jpmorgan.com)

Selon une étude du gestionnaire mondial d’actifs Fidelity, publiée fin mai 2023, « Une façon de bénéficier des avantages des actions dans la lutte contre l’inflation peut être de rechercher des types d’actions qui ont historiquement surperformé lorsque l’inflation était élevée. ». Une caractéristique clé à rechercher est de savoir si elles versent ou non des dividendes et, surtout, des dividendes en croissance.

Et selon Fidelity, les dividendes ont contribué à environ 40% du rendement total de l’indice boursier américain S&P 500 depuis 1930. Mais au cours des années 1940, 1970 et 1980, lorsque l'inflation était en moyenne de 5% ou plus, les dividendes ont produit 54% de ce rendement total, comme on le voit sur tableau ci-dessous. Inflation and dividend-paying stocks | Fidelity