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Pourquoi le secteur porteur des énergies renouvelables déçoit-il en bourse?

Tableau des principaux indices boursiers au 20/10/2023

Les actions des sociétés actives dans les énergies renouvelables déçoivent en bourse…

Comme le soulignait début octobre le Financial Times, "le déclin du secteur des énergies renouvelables survient malgré les dizaines de milliards de dollars de crédits d’impôt, de subventions et de prêts offerts par les gouvernements aux sociétés d’énergie verte aux États-Unis et en Europe".

On peut illustrer la déconvenue des investisseurs vis-à-vis de cette thématique en prenant l'indice S&P Global Clean Energy, créé il y a 20 ans. Cet indice regroupe 99 des plus grandes entreprises du secteur de l'énergie solaire, éolienne et autres activités liées aux énergies renouvelables dont principalement 19 sociétés américaines (poids de 41.2% dans l’indice) et 30 sociétés chinoises (poids de 12.2% dans l’indice). Après l’envolée de 2020, cet indice représentatif (en blanc) a entamé une glissade qui lui a fait perdre 75% de sa valeur ces 3 dernières années (dont 28% en 2023) alors que le S&P 500 ou le MSCI World sont dans le vert! 

Graphique d'illustration

… ce qui a provoqué une décollecte liée à cette thématique

Comme on le voit sur le graphique ci-dessous, conséquence de la chute des cours, les fonds mondiaux d'énergie renouvelable ont subi une décollecte nette de 1,4 milliard de dollars au cours du trimestre juillet-septembre 2023, soit la plus forte décollecte trimestrielle jamais enregistrée, selon les données de LSEG Lipper.

Bémol positif toutefois, ces sorties de capitaux n’ont inversé que partiellement la tendance du premier semestre 2023, lorsque les investisseurs ont investi 3,36 milliards de dollars nets. Le total des actifs sous gestion du secteur s'élève désormais à 65,4 milliards de dollars.

Graphique d'illustration

Pourquoi le secteur des énergies renouvelables s’est-il effondré en bourse?

Plusieurs raisons expliquent la baisse du cours des actions des sociétés actives dans ce secteur:

  1. Les entreprises du secteur des énergies renouvelables sont très vulnérables aux taux d’intérêt. Or la forte hausse de ceux-ci a mis à mal nombre de projets basés sur l’effet de levier et un endettement important (alors que leurs prix de l’électricité sont fixés d’avance par des contrats à long terme).
  2. La flambée des coûts des matières premières. Ainsi pour les éoliennes par exemple, la hausse des prix de l'acier (utilisé pour les tours et les pales) et d'autres matériaux critiques, comme le cuivre, ont fait grimper en flèche le coût des infrastructures.
  3. Les concurrents chinois dans l’éolien ou le photovoltaïque cassent les prix.
  4. Des problèmes de fiabilité de certains composants (par exemple liés aux roulements et aux pales de rotor des turbines d’éoliennes) ont touché plusieurs leaders du secteur.
  5. Le phénomène "NIMBY" (Not In My BackYard -> pas dans mon jardin): une majorité de personnes sont pour la transition énergétique… mais peu acceptent un champ d’éoliennes à proximité de leur maison, ce qui retarde des projets qui peuvent déjà durer plusieurs années.

Exemple concret illustrant cela, les coûts globaux des projets ont augmenté d'environ 40% au cours des dernières années, a déclaré un des leaders du secteur lors de l'arrêt de son parc éolien offshore britannique en juillet, en raison de l'inflation, de la hausse des coûts des matières premières et des coûts élevés du capital.

Quels sont les facteurs de soutien (et de relance) du secteur des énergies renouvelables?

Il paraît clair que les investissements destinés à la transition énergétique, pourtant déjà très importants, sont encore insuffisants. Dans le cadre de la neutralité carbone en 2050, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) vient de tirer la sonnette d’alarme car le réchauffement climatique a accéléré. "Le monde doit à la fois tripler les capacités de production [en énergies renouvelables] d'ici à la fin de la décennie et mettre deux fois et demie plus d'argent dans le secteur, en faisant passer les investissements de 1.800 milliards de dollars cette année - un record - à environ 4.500 milliards par an d'ici au début des années 2030".

Et les commandes affluent pour les équipements en énergies renouvelables. Ainsi selon une étude publiée par le cabinet de conseil britannique Wood Mackenzie, les prises de commandes mondiales d'éoliennes ont atteint de nouveaux sommets au premier semestre 2023, avec 69,5 gigawatts (GW) d'activité, soit une augmentation de 12% d'une année sur l'autre. Au total, les commandes ont représenté 25,3 milliards de dollars au 2e trimestre et 40,5 milliards de dollars au premier semestre 2023.

Par ailleurs les tensions persistantes sur les énergies fossiles, comme le pétrole ou le gaz, suite à la guerre en Ukraine et aux conséquences du conflit israélo-palestinien, donnent un élan supplémentaire au secteur des énergies renouvelables, s’ajoutant ainsi au dérèglement climatique de plus en plus inquiétant.

Enfin, du fait de la forte chute des cours, nombre de sociétés actives dans les énergies renouvelables sont (re) devenues nettement moins chères qu’auparavant. Ainsi, sur base des estimations de résultats 2024, le secteur vaut moins de 10 fois l’EBITDA contre un niveau de 14 à 15 il y a quelques années.

Une thématique (de plus en plus) porteuse et incontournable, des valorisations redevenues raisonnables, l’espoir est donc permis de voir le secteur des énergies renouvelables se redresser.

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