L’ONU au chevet de l’eau, une ressource menacée de pénurie mondiale!

Tableau des principaux indices boursiers au 24/03/2023

Les sécheresses et canicules sont de plus en plus régulières et importantes

En Europe, les derniers étés ont été particulièrement chauds. Au moins 15.000 décès en Europe sont directement liés aux graves vagues de chaleurs ayant affecté le continent durant l’été 2022, selon une estimation encore incomplète publiée en novembre dernier par l’OMS à l’occasion de la COP 27 sur le climat. Et, en ce début 2023, la situation s’aggrave… L’Espagne connaît actuellement déjà des températures record de plus de 30° dans plusieurs régions et la sécheresse en France et en Italie suscite des inquiétudes inhabituelles en cette saison! En Belgique aussi certaines régions s’inquiètent de la pluviosité anormalement faible ces derniers mois… Selon Pieter Boussemaere, historien du climat, l’Europe peut s'attendre à connaître des vagues de températures avoisinant les 40 degrés l’été prochain! L’Espagne est en première ligne en termes d’impact. Outre la désertification, l’Espagne présente un risque élevé d’incendies de forêt, tout comme le Portugal et la Grèce. Ce risque n’augmente pas seulement en raison du manque de précipitations, mais aussi parce que l’évaporation accrue de l’eau rend la végétation encore plus sèche qu’auparavant.

Face au réchauffement climatique et à ses conséquences, l’eau est une ressource rare…

Rappelons que si 70% de la Terre est recouverte d’eau, l’eau salée contenue dans les océans en représente l’extrême majorité, soit 97,5%. Donc l’eau douce contenue dans les lacs, rivières, glaciers, nappes phréatiques, etc. ne compte que pour 2,5%. Mais environ 1,7% est inaccessible puisque gelée (glaciers et permafrost). Il n’y a donc que 0,8% d’eau potable disponible sur terre. Enfin ce volume est constitué à près de 99% d’eaux souterraines selon le rapport annuel de plus de 250 pages de l’Unesco.

L’eau douce disponible est donc fixe et limitée alors que la demande ne cesse d’augmenter…

Environ 70% des extractions d’eaux souterraines dans le monde, et bien plus encore dans les régions arides et semi-arides, sont destinés à la production agricole d'aliments et de fibres, au bétail et aux cultures industrielles. La production alimentaire est donc, dans son ensemble, très gourmande en eau. L’industrie, y compris la production d’énergie et d’électricité, mais aussi l’extraction minière des matières premières (pour lesquelles la demande augmente fortement du fait notamment des besoins résultant de la transition énergétique) utilise 19% des prélèvements d’eau mondiaux. Les municipalités absorbent les 11% restants.

Signe de la gravité et de l’urgence concernant "l’or bleu", un sommet mondial sur l'eau douce organisé par l’ONU a eu lieu ces derniers jours à New York, une première depuis 1977! Entre-temps, la population mondiale a quasiment doublé, et les problèmes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement restent importants. A ce jour, environ 2 milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'eau potable et 4,6 milliards n'ont aucun accès à des services d'assainissement d'eau sécurisé. Pire, si l'on se base sur les données de 128 pays (80% de la population mondiale), près de 44% des eaux usées d'origine domestique n'avaient pas été traitées en toute sécurité avant qu'elles soient rejetées dans l'environnement. Plus de 800.000 personnes meurent encore chaque année de maladies directement attribuées à l'eau insalubre ou à un manque d'hygiène faute d'eau.

Les conséquences ne sont pas que sanitaires. Plusieurs études ont déjà pointé les liens entre l'évolution du climat et le risque de conflits armés, avec évidemment l’accès à l’eau en point de mire.  Selon une étude publiée dans la revue Nature en juin 2019 entre 3% et 20% des tensions frontalières ont été causées par des sécheresses au cours du siècle dernier.

En 2015, aux Nations unies, la communauté internationale s'était engagée à ce que chaque être humain puisse boire de l'eau potable d'ici à 2030. Atteindre cet objectif devient de plus en plus illusoire…

D’ailleurs, lors d'une séance d’information scientifique consacrée au thème de l’eau à l’Assemblée générale des Nations Unies le 7 février dernier, Tharman Shanmugaratnam, co-président de la Commission mondiale sur l’économie de l’eau, a averti qu’en raison de la mauvaise gestion humaine au cours de l’histoire, la demande en eau devrait dépasser l’offre de 40% à la fin de cette décennie! Par ailleurs, au cours des 30 prochaines années, l’utilisation des ressources en eau douce dans le monde devrait continuer d’augmenter de près de 1% par an, la demande d’eau augmentant tant pour la population que pour l’agriculture et l’industrie…

Comment améliorer la gestion durable de l’eau?

Puisqu’on ne peut augmenter le volume d’eau douce disponible, il faudra optimiser l’utilisation de celle-ci et retraiter un maximum d’eaux usées ou polluées, en particulier par l’agriculture intensive et l’industrie, alors qu’en Europe par exemple seulement une infime partie des eaux usées est retraitée (de 0.6% à 14% selon les pays).

Fait interpellant, le secteur de l'eau a été jusqu’à présent moins attractif que d'autres secteurs comme l'énergie par exemple. Les chiffres de l'Unesco sont assez explicites: entre 2016 et 2020, le montant des financements privés mobilisés grâce à l'entremise de financements publics de développement pour l'approvisionnement en eau et l'assainissement a été 10 fois moins important que pour le secteur de l'énergie…

La thématique de l'eau et son assainissement est l'objectif numéro 6 des 17 "Objectifs de Développement Durable" (ou ODD) adoptés en 2015 par l'Assemblée générale des Nations unies. Et le niveau d’investissement actuel est insuffisant pour réaliser les cibles de l’"ODD 6". Les prévisions de financements requis pour les infrastructures d’adduction d’eau, à l’échelle mondiale, en vue d’atteindre l’"ODD 6" vont de 6.700 milliards de dollars US d’ici à 2030 à 22.600 milliards de dollars US d’ici à 2050 selon des chiffres donnés en 2018 par l’OCDE!

En ce qui concerne les sociétés sollicitées pour optimiser la gestion de l’eau, comme on le voit sur le graphe ci-dessous, selon des chiffres de 2020, 29% du marché concerne le sous-secteur du traitement des eaux usées, devant le traitement des eaux industrielles (10.7%). Ensuite viennent les sous-secteurs des valves (8.4%), celui de la filtration (8.1%), celui des systèmes de pompage (7.6%), etc. A noter que la désalinisation ne représente actuellement que 3.1% du marché de l’eau, car c’est un procédé qui reste coûteux.

Graphique d'illustration

La plupart des sociétés mondiales actives sur ce marché, sont situées soit aux Etats-Unis (plus de 50%) soit en Europe (environ 33%), l’Asie et l’Amérique Latine se partageant le solde. Mais si l’Asie était jusqu’ici en retrait, la situation devrait rapidement évoluer. En Chine, une grande partie des eaux souterraines et 1/3 des eaux de surface sont impropres au contact humain en raison d'un accès limité. Le gouvernement chinois souhaite donc sérieusement améliorer cette situation. Le "plan chinois décennal pour l'eau" de 2015 a fixé des objectifs ambitieux de protection de l'environnement pour les industries polluantes. Après avoir traité près de 90% de ses eaux usées industrielles, la Chine s'attaque désormais au volume croissant de ses eaux usées domestiques.

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