Oncologie et vaccins ARNm, fers de lance de l’industrie pharmaceutique
A propos de la santé et de l’industrie pharmaceutique
L’importance croissante de la santé fait partie de 11 mégatendances que KBC/CBC ont identifié. Il s'agit d'évolutions structurelles et durables du monde qui nous entoure, qui créent des défis et des opportunités pour les entreprises, les gouvernements et les consommateurs. En bourse, le marché de la santé au sens large est représenté par 4 segments: les services de santé (réseaux d’hôpitaux, logiciels médicaux,…), les groupes pharmaceutiques (médicaments, vaccins,…), les équipements médicaux (y compris l’e-santé), et les biotech. On peut aussi ajouter les soins vétérinaires, en forte croissance.
Selon le Leem (l’organisation professionnelle des entreprises du médicament), en 2021 le marché mondial du médicament atteint 1.291 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en croissance de plus de 6,8% par rapport à 2020. Le marché nord-américain reste le plus important avec 47,2% des ventes mondiales, loin devant le marché européen, qui réalise 24,5% de parts de marché. La Chine totalise 9,7% des parts de marché, tandis que les autres pays des zones Asie et Pacifique représentent 13,2%.
Combien de nouveaux remèdes sont actuellement étudiés et que représentent les différentes aires thérapeutiques ?
6.147 produits étaient en développement en 2022, de la phase 1 à la soumission réglementaire. L'oncologie (la spécialité médicale qui s’intéresse aux tumeurs cancéreuses) est en tête du pipeline de produits en phase de développement, soit 38% correspondant à 2.331 produits et enregistrant un TCAC ((taux de croissance annuel composé) au cours des 5 dernières années.
Selon IQVIA, une société américaine experte des données de santé, l ’oncologie représente d’ailleurs depuis longtemps la principale aire thérapeutique, soit 184 nouvelles substances actives (Novel Active Substances ou NAS) mises sur le marché ces 10 dernières années. Comme on le voit sur le graphe ci-dessous, les traitements contre le cancer devancent les domaines des maladies infectieuses, la neurologie, les antidiabétiques, les maladies cardiovasculaires et l’immunologie. Global Trends in R&D 2023 - IQVIA.
Au total, 64 nouvelles substances actives ont été lancées dans le monde en 2022, ce qui représente une baisse par rapport aux 2 années précédentes, mais un retour aux niveaux d'avant COVID-19.
La montée en puissance des vaccins ARNm !
Mais si l’oncologie domine toujours la sphère thérapeutique, le décollage des vaccins ARNm (ARN messager) impressionne également. Après le succès des vaccins anti-Covid à ARN messager, des candidats-vaccins ARNm sont développés actuellement pour une trentaine de maladies au niveau mondial. 118 vaccins ARNm ont intégré le pipeline des laboratoires pharmaceutiques depuis 2016, dont 65 ont été lancés en essais cliniques l'an dernier, contre 26 en 2021 (voir tableau ci-dessous). Et en 2022, hors Covid-19, 39 essais de vaccins à ARNm concernaient pour moitié les infections respiratoires (dont la grippe), le reste allant des maladies infectieuses et génétiques jusqu'au cancer (pour des vaccins curatifs, et non préventifs).
Rappelons que l'ARN (Acide RiboNucléique) est une instruction de l'ADN (Acide DésoxyriboNucléique), à laquelle la cellule obéit. Le principe d'un vaccin ARNm est de coder l'instruction en laboratoire de fabriquer une partie du virus. Le processus est synthétique, donc plus rapide à produire que les vaccins classiques où de vrais virus sont cultivés (dans des œufs, par exemple). C'est un atout pour les maladies qui mutent, l'ARNm s'adapte plus vite aux variants. Toutefois, selon le Covars français (COmité de Veille et d’Anticipation des Risques Sanitaires) comme les vaccins Covid classiques, l'ARNm n'empêche ni l'infection ni la transmission et ne suscite un taux élevé d'anticorps que sur une faible durée. Il peut aussi entraîner une allergie immédiate et a un coût élevé. Vaccins à ARNm: en retard, la France se cherche une stratégie | Les Echos.
Qu’en est-il du financement des nouveaux médicaments et vaccins ?
Selon Iqvia, les 15 plus grands acteurs pharmaceutiques mondiaux ont consacré l'an dernier un montant record de 138 milliards de dollars à la R&D sur les médicaments à venir, contre 136 milliards en 2021. Si en % des ventes (737 milliards USD en 2022), la tendance est quelque peu baissière par rapport aux autres années (18.8% en 2022 contre une moyenne de 19.7% les 4 années précédentes), les efforts en recherche et développement restent néanmoins impressionnants.
Il faut par ailleurs noter que la recherche et le développement de nouveaux médicaments et vaccins, après des années de travail, n’est pas toujours couronnée de succès, loin s’en faut, malgré l’évolution des technologies de recherche. De plus, selon les statistiques de l’année 2022, la probabilité de succès varie énormément selon les maladies. Ainsi la recherche aboutit généralement le plus dans les domaines des maladies infectieuses et de la dermatologie, mais le taux de réussite moyen n’est quand même que de 13 à 14%. Par contre, les remèdes contre le cancer n’ont franchi toutes les étapes avec succès que dans 3 à 4% des cas seulement. Enfin, l’année passée, le taux d’échec a été le plus élevé dans le domaine des maladies cardiovasculaires, la probabilité de succès n’atteignant qu’1%.
Que penser d’un investissement dans le secteur de la santé ?
Un investissement dans le secteur de la santé est généralement considéré comme défensif car historiquement il est moins affecté que d’autres par l’inflation. Et parmi les secteurs plutôt défensifs (voir ci-dessous), le ratio cours-bénéfice (p/e) pour les sociétés du secteur santé américain (en rouge) est le moins élevé en ce mois de février 2023 et est aussi revenu à un niveau approchant les plus bas depuis 8 ans environ.
Il faut enfin signaler que la santé fait partie des dépenses essentielles donc moins sensibles aux variations de cycles économiques. D’autant plus que le marché est doublement porteur: la population mondiale augmente constamment et la part des personnes âgées, requérant plus de soins et de médicaments, aussi. Par ailleurs, l’émergence d’une importante classe moyenne dans les pays émergents va de pair avec de nouvelles habitudes de consommation alimentaire débouchant sur davantage de maladies chroniques, comme le diabète.
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