La stagflation: de quoi s'agit-il?
L’année 2022 est marquée par des niveaux d’inflation qui battent des records, ce qui pousse les banques centrales à augmenter les taux. Mais le contexte actuel ne rend pas les choses aisées pour ces dernières. En effet, l’augmentation des taux est une arme possible pour lutter contre l’inflation mais cela pourrait entraîner une récession.
La Réserve Fédérale américaine a déjà procédé à des remontées de taux cette année mais malgré cela, l’inflation a continué de grimper. Tous ces éléments ont fait reparler d’un terme qui avait peut-être été oublié : la stagflation.
Ce terme particulier désigne une situation économique où nous retrouvons un niveau d’inflation élevé et une croissance économique faible voire nulle. Il s’agit donc d’une situation qui est dommageable pour l’économie. Nous pourrions nous retrouver dans un cercle vicieux où, dans un contexte de hausse des prix, les citoyens préfèreront reporter leur décision d’achat, ce qui ralentirait encore la croissance économique.
La dernière période de stagflation a eu lieu entre 1966 et 1982. L’inflation a atteint en moyenne 6.8% et la croissance de l’économie s’est limitée à 2.2%. Durant cette période, le Dow Jones a progressé de 5% mais, compte tenu de l’inflation, l’investisseur a perdu 47% de pouvoir d’achat ! Ceci a toutefois pu être compensé grâce au rendement des dividendes qui avoisinait les 5% à cette époque.
Comment investir en période de stagflation?
Les entreprises bénéficiant de flux de trésorerie solides et stables et dont les dividendes sont élevés offrent donc la meilleure protection ! A condition toutefois de disposer d’un pouvoir de fixation des prix (pricing power) suffisant que pour pouvoir répercuter la hausse des coûts dans leurs prix de vente. On évitera par contre les sociétés de croissance sans cash-flow et/ou trop endettées dont les coûts de financement vont largement augmenter.
Les secteurs des matières premières et de l’énergie, qui sont les moteurs de l’inflation, vont, dans un premier temps, bénéficier des hausses de prix. Le ralentissement économique que celles-ci engendrent traditionnellement va, dans un second temps, également peser sur les résultats de ces entreprises.
Le secteur des assurances profite en général de la hausse des taux d’intérêt et a l’avantage de pouvoir indexer systématiquement ses primes. Les loyers étant en général également indexés, l’immobilier offre un certain rempart contre l’inflation. Ce secteur étant malgré tout négativement impacté par la hausse des taux d’intérêt, il vaut mieux s’orienter vers des compartiments plus défensifs tels que les maisons de repos ou l’immobilier résidentiel.
Le secteur des soins de santé jouit également d’un pouvoir de fixation des prix et les besoins en médicaments ne dépendent pas du niveau d’inflation ou du cycle économique dans lequel nous nous trouvons.
Les obligations indexées sur l’inflation sont un autre moyen de se protéger car leurs coupons sont liés à l’évolution du coût de la vie. Les cours de ces obligations ayant fortement progressé ces derniers mois avec la recrudescence de l’inflation, il est sans doute un peu tard pour se précipiter encore sur ce type d’actif.
Ceci vaut sans doute également pour les secteurs précités qui ont largement surperformé le marché depuis le début de cette année car, comme on le sait, les marchés anticipent toujours. Or, il faut savoir que ce scénario de stagflation n’est ni celui de la BCE, ni celui de KBC. Il n’est très vraisemblablement plus opportun de liquider son portefeuille et on pourrait au contraire profiter de la volatilité actuelle pour réaliser de bonnes affaires… On trouve, en effet, des actions de qualité à prix bradé actuellement, notamment dans le secteur de la technologie en recul de 30% depuis le début de cette année. Des entreprises à forte croissance pourraient représenter une réelle opportunité dans une économie en berne… L’investissement systématique est une manière de retourner dans les marchés tout en vous protégeant davantage de la volatilité de ces derniers. Vous évitez ainsi de commettre des erreurs sous le coup de l’émotion.