Entre la signature d’un contrat et le moment du paiement de la transaction, le temps peut paraître long pour une entreprise active à l’international. Face au principal risque, qui est de ne jamais être payé, ces entreprises peuvent avoir recours aux banques. Les produits bancaires tels que les crédits ou encaissements documentaires ainsi que les garanties internationales, permettent de réduire, voire de supprimer cette menace. Un double enjeu se pose alors au niveau de ces acteurs intermédiaires: évoluer dans un contexte géopolitique souvent difficile et encourager un processus de digitalisation des transactions internationales.
Le principal défi est de couvrir les risques de paiement
«Construire une machine, parfois sur mesure, l’expédier à l’étranger et ensuite ne pas être payé pour l’une ou l’autre raison, est le plus grand risque auquel s’exposent les entreprises exportatrices. Il s’agit donc de couvrir ce risque, le meilleur levier étant de disposer d’une série de moyens de paiement diversifiés et adaptés, mais aussi d’un réseau bancaire international suffisamment étendu afin de sécuriser les transactions.» explique Christine Deleye, Responsable Commerce Extérieur et Paiements chez CBC Banque.
Les entreprises doivent challenger l’idée d’exporter

Les entreprises wallonnes doivent avant tout se poser la question de savoir si le commerce extérieur correspond à leur stratégie de développement. Quels sont les freins et quels sont les avantages à exporter? Qu’il s’agisse de pays limitrophes ou de pays situés en dehors de l’Union européenne, les enjeux sont très différents. «A ce jour, 70% des exportations que nous accompagnons se font vers l’Union européenne. Les entreprises wallonnes se sentent probablement plus rassurées par la proximité géographique ainsi que par leur meilleure connaissance de la situation géopolitique des pays limitrophes, de leur contexte juridique et fiscal, ainsi que de leur culture. Les risques sont aussi moins élevés en Europe, ne fût-ce que parce que le risque de change est pratiquement inexistant grâce à l’euro.» explique Christine Deleye.
Accompagner le savoir-faire wallon vers l’étranger
Que l’on exporte vers la Turquie, l’Inde, le Pakistan ou le Bangladesh, l’expertise des moyens de paiement locaux, des risques bancaires, des délais de paiement, des perspectives économiques et politiques… est primordiale. C’est pourquoi les exportateurs ont besoin d’un partenaire proche et flexible, capable de les accompagner depuis la signature de leur contrat jusqu’à la réception du paiement. Le temps est souvent compté. Il faut donc pouvoir aller vite. Un partenaire financier qui est capable de décider rapidement, afin de donner son accord sur un «risque pays» ou sur un «risque banque», ou qui trouve la solution «sur-mesure» pour un dossier spécifique, peut donc faire la différence entre un contrat gagné et un contrat perdu pour l’exportateur. Au niveau opérationnel aussi «time is money». Plus vite les documents sont contrôlés et expédiés par sa banque, plus vite l’exportateur recevra le paiement. Un engagement de toutes les parties concernées est donc nécessaire dans chaque dossier, l’essentiel dans le commerce extérieur étant de travailler dans la transparence et la confiance.
«À titre d’exemple, les formations au sein des entreprises, consacrées aux enjeux du commerce extérieur, sont fort appréciées. Il est essentiel de parler le même langage et de comprendre les enjeux. Il faut également avoir des interlocuteurs bancaires disponibles, l’entreprise étant susceptible de contacter son partenaire bancaire à tout moment en vue de s’informer sur l’état d’avancement de son dossier.» explique Christine Deleye.
Il faudrait que toutes les banques du monde se digitalisent
Contrairement à d’autres secteurs d’activité, le commerce extérieur repose encore principalement sur des documents physiques. Des tentatives de digitalisation ont vu le jour. Elles sont freinées par l’impossibilité de s’accorder sur des standards internationaux. La digitalisation des crédits ou des encaissements documentaires se fera progressivement mais nécessite l’implication de tous les intervenants, dont les banques.
Cette nécessité de numérisation est encore plus criante pour les petites entreprises. Le commerce extérieur classique nécessite en effet des moyens de paiement très robustes. Or, ces techniques coûtent proportionnellement très cher pour ces entreprises, qui bien que plus petites, sont néanmoins exposées aux mêmes risques, même s’il s’agit fréquemment de montants moins élevés.
«Ce déséquilibre les freine naturellement dans leur volonté d’exporter. C’est pourquoi, 7 banques européennes, y compris KBC, développent actuellement un outil digital, the Digital Trade Chain, qui permettra à toutes les parties de suivre leurs transactions de manière digitale. Cet outil est basé sur la nouvelle technologie Blockchain et apportera des garanties supplémentaires par rapport aux paiements «en open account», et ce à un moindre coût que les crédits documentaires. La digitalisation se présente donc à terme comme un véritable levier pour faciliter l’importation et l’exportation des produits des petites et moyennes entreprises et ainsi développer leurs activités.» ajoute Christine Deleye.