Les arbres montent jusqu’au ciel

Ce titre un peu provocateur a pour but de mener une succincte réflexion sur l’évolution des marchés boursiers, antinomique par rapport à l’adage bien connu: "les arbres ne montent pas jusqu’au ciel".
S’il est tout à fait légitime, et donc tentant, pour de nombreux investisseurs de prendre leur bénéfice en cette fin d’année 2021, de nombreux indices ayant battus des records historiques, une réponse nuancée doit être apportée à cette fallacieuse tentation.
Effectivement, il est acquis que les marchés ne montent jamais de façon linéaire. La volatilité inhérente à la bourse en fait un placement à ne conseiller qu’à des investisseurs ayant tout à la fois le temps, mais aussi prêts à supporter des variations, parfois très importantes, de la valorisation de leur patrimoine investi dans cet actif.
Mais comment expliquer tout d’abord l’indéniable attrait de la bourse et son exceptionnelle performance des derniers mois?
Un facteur psychologique dit "biais de confirmation" est sans doute un des éléments expliquant l’afflux massif de capitaux en bourse, tout comme d’ailleurs dans les cryptomonnaies. De façon extrêmement simpliste, il consiste à ne retenir que les éléments positifs pour investir et en négligeant tous les éléments qui pourraient au contraire dissuader de le faire. Ceci conduit à des comportements grégaires, j’achète, car tout le monde achète…
Un deuxième élément a permis à la bourse son exceptionnelle envolée: c’est le bien connu effet TINA. Peu ou prou d’actifs qu’ils soient obligataires ou monétaires, vu les taux nuls, voire négatifs n’ont pu faire de l’ombre à la bourse qui fut donc un réceptacle "naturel".
Troisième facteur découlant du précédent est celui d’une politique extrêmement accommodante des différentes banques centrales ayant permis de maintenir tout à la fois une politique de taux bas et son corollaire, un dynamisme économique vigoureux.
Enfin des résultats macro et micro économiques ont donné la légitimité à ces records boursiers.
Mais quid pour demain, la bourse et son irrésistible ascension, stop ou encore?
Mon propos se veut nuancé mais résolument positif à condition d’accepter le postulat qu’un investissement boursier ne peut s’envisager que si l’on a un horizon de placement conseillé de 8 ans au moins. A ce propos, il est souvent judicieux de fractionner ses entrées sur le marché et surtout que l’on diversifie géographiquement et sectoriellement ses investissements.
Nuancé car effectivement les moteurs évoqués ci-avant risquent d’être moins porteurs dans un avenir relativement proche. La récente résurgence de l’inflation a provoqué une remontée des taux et les différentes banques centrales préparent une diminution lente et progressive de leur soutien à l’économie. Ceci devrait en théorie conduire progressivement à un ralentissement économique.
Tactiquement donc, prendre son bénéfice peut prendre sens, cependant si l’on se place ce qui était mon postulat de départ à savoir sur du long terme, ou stratégiquement, cela perd en pertinence. Car tout comme pour illustrer mon propos, l’Univers est en perpétuelle expansion, il en va de même pour l’économie, dont la bourse est le reflet. Souvenez-vous de la bulle internet de 1998, combien d’investisseurs ont été échaudés par les déboires boursiers consécutifs à ce Krach?
Hors, l’investisseur patient et réfléchi est aujourd’hui largement récompensé, voyez le parcours stratosphérique des cours des Alphabet, Microsoft, Apple, Metha, Nvidia et autres. De façon plus large, il est indéniable que depuis l’ère industrielle, le placement boursier est de loin le plus rémunérateur, loin d’autres actifs que sont l’immobilier, l’or, le monétaire ou l’obligataire.
Alors oui, les arbres montent bien jusqu’au ciel car tout simplement les arbres (actions) montent mais le ciel (sommet) est toujours placé plus haut par l’effet de l’expansion économique. Bien entendu tout cela si l’on respecte l’adage "le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui".
Déjà une bonne année 2022.