Bel 20, CAC 40, AEX25 et DAX30: des indices "thermomètres" de l’économie nationale?

Jean-Marc Thiran,
Directeur CBP Tournai-Mons
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Pascal Loiselet,
Directeur Adjoint CBP Tournai-Mons
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L'évolution des indices boursiers est régulièrement évoquée afin d'illustrer l'état de santé économique d'un pays.
Considérant la Belgique et ses pays voisins (Allemagne, France et Pays-Bas), ce comportement explicatif se vérifie-t-il ? Peut-on tirer des conclusions communes à ces quatre pays sur base de leurs indices boursiers respectifs ?
Ci-dessous (Source : Reuters Thomson Eikon), l'évolution graphique (dividendes réinvestis) de ces quatre indices boursiers sur trois ans.

La bourse hollandaise, en rouge représentée par l'AEX, se détache notablement par rapport à ses consœurs française (CAC40 en vert) et allemande (DAX30 en jaune), notre indice nationale (BEL20 en bleu) étant à la traine.
A première vue : un AEX "dominant", un Cac40 "résistant", un DAX "étonnant" et un Bel20 "décevant".
Est-ce le reflet du dynamisme national?
Il faut, selon nous, entrer dans une analyse plus approfondie des actions ou plutôt des secteurs composant ces indices (Sources : Euronext et Deutsche Boerse avec calculs propres)

Ces différents indices sont donc très différents quant à leur composition sectorielle.
Alors que l'AEX hollandais montre une surconcentration notable en technologie de l'information, l'indice belge trouve un poids important dans les financières (dont les holdings) et dans le secteur pharma (dont le sous-secteur biotechnologique). L'indice français montre quant à lui une concentration dans les secteurs industriels et de consommation cyclique (dont le luxe) alors que la bourse allemande a une part importante dans le secteur des matériaux (chimie), industriel et consommation cyclique (dont le secteur automobile).
En seconde analyse, intéressons-nous à la concentration importante de quelques valeurs dans chaque indice.
En effet, les actions composant ces quatre indices ne sont pas équipondérées. Plus précisément, si nous regardons les cinq principales valeurs de chaque indice et quelle part celles-ci ont dans l'indice, nous pouvons constater que tant le Bel20 que l'AEX ont plus de la moitié de leur évolution dictée par cinq valeurs, qui ont dès lors une influence prédominante quant à l'évolution de l'indice national.
A l'inverse les cinq plus grosses valeurs françaises ne représentent seulement qu'1/3 de l'indice parisien.
Le Dax est à mi-chemin entre ces deux tendances.

En conclusion:
Nous ne parlerions plus d'un AEX "dominant" mais plutôt "technologique", un CAC 40 pas "résistant" mais "cyclique et luxueux", un DAX plus "cyclique et industriel" qu'"étonnant" et un Bel20 plus "défensif" que "décevant".
L'évolution de ces indices est donc moins représentative du dynamisme de l'économie que de leur composition sectorielle, voire individuelle, mais également de leur concentration!
Le contexte sanitaire, les plans de relance tant européen qu'américain, poussent à leur paroxysme ces comportements différents ! A bon entendeur…
Il est dès lors primordial de connaitre ces indices, suivre les éventuelles modifications de leur composition…
Mais surtout de réfléchir plutôt sectoriellement que géographiquement pour la zone européenne tout particulièrement.
Enfin, cette analyse sectorielle peut être complétée par une analyse thématique (eau, industrielle,…) qui a toute son acuité dans notre contexte économique aussi changeant que volatil.