Le commerce en ligne, une évidence maintenant
Tout le monde a désormais pleinement pris conscience que nous allons devoir apprendre à vivre encore longtemps avec le Covid-19. Et nous allons devoir vivre dans un premier temps avec un tas d’injonctions paradoxales, comme celle de respecter les distances sociales mais d’aller travailler, de faire nos courses tout en respectant aussi ces dernières.
Mais la question qu’il faut probablement se poser à plus long terme, voire pour toujours, c’est de se demander quelle sera la norme demain? Quels profonds changements le Covid-19 et son potentiel rythme saisonnier vont engendrer dans nos vies? Quel remède, en dehors de tout vaccin, en dehors de tout port de masque, dont il est grand temps que l’UE se dote pour l’ensemble de sa population, en dehors d’un nécessaire et véritable réseau de chercheurs européens suffisamment financé,… quel remède va nous permettre de vivre du mieux possible cette nouvelle forme de vie où la distanciation sociale sera reine?
La réponse par le digital
S’il y en a un qui fait largement son petit bonhomme de chemin depuis deux décennies, avec une accélération foudroyante ces dernières années, c’est le digital. Serait-il dès lors le remède le plus efficace pour aujourd’hui et pour demain? Tout porte à le croire.
La généralisation du télétravail est le premier changement le plus radical que cette crise a provoqué et qui a levé bon nombre de craintes. Le homeworking, qui n’était encore que marginal, a démontré qu’il est la meilleure façon de répondre aux règles de distanciation sociale. Certes, il ne peut pas s’appliquer à toutes les activités, mais il est aujourd’hui inenvisageable de revenir à la situation d’avant la crise. Nous allons assister à une généralisation du télétravail dans toutes les sphères de l’économie.
Le commerce en ligne, deuxième façon de respecter la distanciation sociale, connait également une explosion durant la crise. Le phénomène s’était déjà développé même bien avant la crise, mais il est devenu maintenant une évidence et restera généralisé (soit par livraison soit par drive de façon large).
Il a aussi permis de répondre à la fermeture des marchés et des restaurants qui ont privé du jour au lendemain un certain nombre de fermes de débouchés importants. Conséquence, les fermes disposant d’un magasin ou proposant des paniers ont pu s’adapter et surtout répondre à la demande de consommateurs qui ont préféré se rendre dans les commerces de proximité ou directement chez les producteurs pour éviter la promiscuité des grandes surfaces.
Il faut dire qu’en Wallonie, nos agriculteurs ont répondu rapidement car ils pratiquaient déjà soit la vente directe, en épicerie, ou via des plateformes en ligne, et aussi les livraisons, et qu’ils avaient rarement un seul canal de distribution. Mais face à l’affluence de la demande, des plateformes en ligne, que cela soit eFarmz ou la Ruche qui dit oui, ont eu parfois beaucoup de mal à pouvoir satisfaire cette dernière. Phénomène totalement inédit, mais qui évidemment ne perdurera pas.
Car ne nous leurrons pas: les grandes surfaces sont également gagnantes avec leur système de livraison ou de drive, même si ce sont essentiellement les produits de première nécessité qui ont été recherchés par les consommateurs.
Des effets secondaires
Une généralisation du télétravail, du commerce en ligne, des cours en ligne permettra aussi de gagner en flexibilité en termes d’horaire et donc de confort de vie. Humainement, il est essentiel de retrouver du souffle tout en veillant à ne pas laisser une partie de la population au bord de la route. Cette crise n’en est en effet pas moins un bouleversement humain pour les personnes isolées, les personnes souffrant de fracture numérique, les personnes défavorisées, les personnes qui déjà avaient des difficultés à trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle... Si cette crise a des effets positifs apportés par la digitalisation, il faut donc bien mesurer aussi ses effets secondaires.
Le développement du commerce en ligne a rappelé aux agriculteurs qu’ils ne pouvaient plus se concentrer sur un seul canal de distribution, et qu’il fallait être présent d’une façon ou d’une autre dans l’e-commerce. Car même si le mouvement se tassera après la période de confinement, un certain nombre de consommateurs vont changer durablement leurs habitudes de consommation.
Les changements en cours sont donc profonds. Et même si, demain, les mesures de distanciation sociale étaient levées, ce que l’on souhaite évidemment, le digital nous aura déjà marqués de son itinéraire et les bouleversements en cours seront devenus réalité. Le digital est donc une partie de la solution à court terme et une évidence à long terme.